Amoureuses
Les respirations légères des êtres reposant,
Soulèvent le drap vaporeux d'un demi-jour.
La clameur extérieure comme entrée par effraction,
Pénètre d'indécence notre chambre moite.
Nue, paupières ouvertes, sur le dos, je l'écoute, la sens.
Je m'y expose sans être découverte.
Nous avons fait l'amour cet après-midi. Je le sais,
Car à travers les regards voyeurs des persiennes,
Les jeux, la danse clair-obscure, des ombres lumineuses
Lèchent et tapissent nos reliefs offerts.
Je ne touche, ni ne frôle ton corps; parallèle à lui.
Couchée à ta droite, telle une extension de toi.
Mon buste répond et parle à tes reins, déposant
Un contact imaginaire dessus tes fesses : « Bonjour. ».
Pourtant, ni mots, ni murmures. Cet instant ne se dérange pas.
Nous sommes privilégiées, intemporelles; LES intemporelles.
Au bleu magnifique, à la couleur des murs, nos secondes et leurs fractions,
Sont épinglées. Aussi notre nuit artificielle finissante. Soit.
L'envie d'une caresse me monte à la gorge. Sang
S'exprimer. Et cette sensation te voit, couverte.
Le plafond même, supporte à mes yeux ton reflet profane, tracé de versets.
Je saisis le fantôme, l'idée de toi, la récite. Partout tu es mienne.
L'impression laissée à la langue est un peu vineuse.
Je la goûte à nouveau dans la mémoire; et les fers
Délicieux des étreintes éreintantes. Dors mon ange pur, luit.
Fait de moi plus que je ne suis : ce « nous » révélé à toi.
Ta position au sommeil préserve le mystère. Etale son repas,
Devant ma bouche, affamée du baiser d'éveil : il était une fois, Elles.